DÉDICACE DU CONSERVATOIRE JACQUES THIBAUD DE BORDEAUX AU CAPC MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE BORDEAUX
10 AVRIL 2010
Le 10 avril 2010, Jacky CRAISSAC est l’artiste invité de la Nuit de la création, exposition dédiée aux œuvres musicales (instrumentales et électroacoustiques) et chorégraphiques composées et interprétées par les élèves du conservatoire Jacques Thibaud accueillie pour la troisième année consécutive au CAPC Musée d’Art Contemporain de Bordeaux.
Jean-Luc Portelli, directeur du conservatoire, élabore la thématique principale de cette édition : Cordes pincées et percussion avec la présence de Jacky Craissac, conscient de l’enjeu artistique que représente ce projet pour lui.
Jacky Craissac ne sait pas que le mal qu’il affronte depuis plusieurs mois va l’empêcher d’honorer un rendez-vous qu’il attend depuis des années. Le 15 février 2010, deux mois avant cette consécration, il décède dans la discrétion, chez lui àEscaudes.
Tenant à lui rendre hommage, le conservatoire lui dédie cette soirée. Le CAPC accueille les instruments que Jacky Craissac avait choisi de jouer. Des séquences de ses œuvres sont diffusées, entrant en résonance avec l’âme de l’extraordinaire espace architectural de la grande nef des Entrepôts Lainés.
NUIT DE LA CREATION
« Les différents concerts de Jacky Craissac auxquels j’ai pu assister étaient tous marqués par une liberté dans le jeu et une écoute du son uniques qui finalement orientaient le parcours musical et la mise en jeu des instruments. Leur singularité et leur caractéristique sonore invitant le musicien, parfois dans une virtuosité à couper le souffle, à des explorations particulières en fonction des résonances, des harmoniques présentes ou pas, des modes de jeu ou de frappe, des interactions naturelles entre les sons. J’avais été touché par cette sensation de «grande traversée» à laquelle il nous invitait au cours d’une création qui pouvait durer deux heures. Chaque concert était une expérience unique. Évidemment un artiste comme Jacky Craissac était assez atypique et et je crois pouvoir dire que le programmer demandait un certain courage ou au moins une certaine audace. J’avais très envie de créer les conditions d’une collaboration avec lui sachant que sa démarche n’était pas facile à associer avec celle d’un conservatoire, tant ses chemins de pensées et de pratique musicale s’éloignaient d’une transmission académique.
… programmer Jacky Craissac comme artiste invité de la Nuit de la Création au CAPC Musée d’Art Contemporain de Bordeaux. Il s’agissait de lui offrir une place de choix dans la cinquième édition de cette manifestation consacrée à la création en musique et en danse. L’espace du CAPC était idéal pour installer les instruments, son acoustique convenant parfaitement à la résonance de leurs harmoniques et de leurs infrabasses. Il ne restait plus qu’à imaginer comment articuler un temps de jeu pour sa création en solo et un autre pour les créations des élèves du conservatoire.
… Les jeunes compositeurs ont été fascinés par le personnage, les instruments et le projet. Nous avons évoqué les structures possibles et quelques idées d’instruments que l’on pouvait associer. Je sentais que Jacky Craissac était bien disposé à tenter l’expérience et cela me réjouissait plus que tout, étant persuadé que c’était par cette voie de partage concret entre musiciens et sa mise en représentation publique qu’il trouverait la reconnaissance dont il avait en fait tant besoin… »
Jean-Luc PORTELLI (Directeur du conservatoire Jacques Thibaud de Bordeaux, 1999-2019)
(p. 60 Jacky Craissac le silence est un son, éd. Le Castor Astral, 2017 / Parcours de vie de Jacky Craissac)